En quoi cet appel à manifestation d'interêt Mondes Nouveaux a pu rentrer en résonnance avec la singularité de votre démarche ?
Cette volonté d’un monde nouveau, émanant de l’État, comme une réflexion autant sur la forme artistique que sur le rapport à l’institution, et cette idée de résonance avec un site du patrimoine architectural, nous ont tout de suite interpelés. C’est un geste qui est venu conforter nos nécessités et désirs. Il est très important maintenant que ce programme porteur de promesses - puisse garder sa radicalité d’action dans la durée.

L'accueil de votre projet pour la Nuit Blanche au Musée des Arts et Métiers a transformé en profondeur votre projet initial, vous pouvez nous raconter ?
Notre idée originelle état monumentale. Nous souhaitions réaliser en temps réel et en public un moule partiel d’une voiture, la Renault 4L, objet vecteur d’histoires et de passions. C’était pour nous une manière de rendre hommage à Auguste Rodin et de faire œuvre de ce « moule à creux perdu » d’une voiture, très précieux car seul témoignage de l’objet disparu dans le processus. La rencontre avec le Musée des Arts et Métiers est arrivée dans la phase de préfiguration de notre projet et a été déterminante. Nous avons alors changé d’avis pour réaliser finalement une intervention à l’échelle du site de l’Église Saint-Martin, et nous avons déplacé la réalisation des sculptures dans un autre espace dédié. Les objets, sculptures et installation lumineuses sont arrivées à l’intérieur de l’église dans la phase de production. C’est à cette étape que sont arrivés la chorégraphe et danseuse Anna Chirescu et le créateur sonore Nicolas Barillot, car nous souhaitions affirmer la dynamique de l’espace par le mouvement permanent du corps et le son. L’idée première de créer une pièce longue sans être obligé d’y assister dans son intégralité est restée intacte et sa visibilité sur toute la Nuit Blanche fut alors très appropriée. Cette concomitance d’espaces, ce synchronisme temporel nous ont conduits à un chemin entre spectacle et exposition, où la perception est émotionnelle et où l’on reste en vie. [Aurelia Ivan pour les éditions Beaux-Arts de Paris]